... Le bus vous dépose au rond-point; à gauche l'entrée de l'H.P. Montperrin, à droite direction la Rotonde aixoise; si vous choisissez cette dernière, si vous restez sur le trottoir, comptez cent pas environ, juste après le pont de chemin de fer, à droite, en contrebas...
... Oh! Pas grand chose, un double escalier, trois cailloux, un reste de portail, un seul pot, mais quel pot! C'est du lourd, du massif, ce pot c'est l'embonpoint du pot, le Portos de la déco de jardin, ça réfléchit pas, c'est en mouvement et ça se pose là, c'est du brut!

Quand même, il était temps...

Depuis 15 jours je restaure une rocaille du côté de Périer (Marseille); tous les midis, pour la pose déjeuner, je me fais une petite détente à la plage du Prophète sur la corniche; vu le temps exceptionnellement doux je me défais rapidement des godasses de chantier pour faire des clapotis dans l'eau et si j'ai du courage ce sera une baignade intégrale... Dure la vie de rocailleur!
Bref, depuis 15 jours,  croquant dans mon sandwich, les orteils en éventail,  je lorgne sur l'immense façade en rocaille du

...CASTEL ALLELUIA,

tour carrée et fenêtre ronde à barreaux (sous la vraie tour ronde),
créneaux, ardoises, créneaux,
tourelle, vitrail et pigne de pin géante,
fenêtre fermée et clef de voute en tête de gaulois,
occulus sur promenade et meurtrière,
le classique portail de troncs,
la porte grotte... pas très alléluia ça! mais du très castel!

Oyez! Oyez! N'ayez de cesse de vous y rendre, d'y mirer une des plus belle façade en rocaille!
C'est que malheureusement les vraies fissures remplacent les fausses!

Rue du Commandant Rolland, Marseille...

... la villa Glycine, avec sa porte-boîte-à-lettre, ses bambous parfaitement biseautés, ses panneaux d'écorces , ses boiseries fines...

Brigognan-Plage, Bretagne...

Une belle pèche d'été, par D. Giantcatarina, pour nourrir un peu ce blog.

Montolivet, Marseille...

La joie, la fascination de monsieur C. (maçon-rocailleur) ne se tarissent pas devant la maison qu'il occupe depuis peu; à peine arrivé, je partage rapidement cet enthousiasme devant la liberté de l'ouvrage qu'il envisage de restaurer.

Il ne faut pas se laisser bluffer par les pierres un peu molles, les briques non alignées; le petit oculus même s'il est amputé et la corniche tirée au cordeau nous disent que le rocailleur sait y faire et qu'il sait faire autrement, qu'il en joue; entre autre quand il fait courir la fissure le long du mur jusqu'à fendre la corniche.

Et quelles fissures! Allez, je tricote un peu, moi qui suis dessinateur avant d'être rocailleur; ce ne sont pas seulement des fissures, mais des traits, des traces, du dessin. D'une entaille, d'un geste, le rocailleur change la nature de son ouvrage, il ne montre pas seulement l'illusion du passage du temps, de l'usure, le rocailleur fait du temps. Et c'est jubilatoire!

Merci, monsieur C. 

Marseille, La Pomme...

Cette façade est une merveille, tant par le façonnage que par sa conservation. On y passe en voiture, c'est à peine si on la remarque, elle se garde de trop se montrer: la fenêtre close est fausse (un classique!), les attaches sur les bois de la porte: l'une est clouée et boulonnée, l'autre déchirée, les tampons sont utilisés à l'endroit et à l'envers, les emboîtements sont remarquables... et quelle technique! quel travail, quelle minutie ( des milliers de gestes ) pour donner cet effet de liège, un savoir faire qui rappelle la façade du bar " de la Cuirassière", avenue de la Panouse à Marseille ( répertoriée sur ce blog ), mais jamais signée. Et quel état, rien n'a bougé; avec monsieur F., rocailleur, nous n'avons par réussi à nous départager: chaux ou ciment prompt? cela ne change rien à la classe de cette réalisation.

Un très grand merci aux heureux propriétaires.

( suite à l'article suivant )

La Pomme (suite),

Cette villa appartenait autrefois à la Croix Rouge et accueillait les orphelins de guerre. La propriété était constituée de deux bâtisses, la seconde à été détruite  par le tracé de l'autoroute qui mène à Aubagne; les propriétaires ne savent pas si elle était rocaillée. Bien que rigoureuse, cette réalisation ne déroge pas à la fantaisie vitale du rocailleur: la salamandre ou le lézard sous le balcon, la sacoche oubliée qui jouxtait un four en bas relief... disparu.